À L'ORIGINE

La question première du blog est donc : pourquoi je le fais ?

Je le fais parce que parfois je réalise que c'était pas écrit d'avance que je sois ici à l'île Maurice, pendant un an. Et être ici aujourd'hui, c'est à la fois le fruit de l'heureux hasard, de fructueuses rencontres, le fruit de mon éducation mais aussi celui de mon émancipation. J'ai déjà voyagé avant : en France, tous les étés avec mes parents où l'on allait une semaine dans des destinations globalement peu onéreuses, lot d'une famille nombreuse. En dehors de cette semaine, le reste de l'été était fait de tourisme de proximité. Des destinations qui permettaient également de minimiser la foule, s'éloigner du soleil et de la chaleur des espaces maritimes que ma mère supportait mal, et révélaient l'affection de mes parents sans doute pour les espaces ruraux. Mais, dans mes souvenirs : nous n'avons jamais été à la mer en été, sauf à y visiter de la famille. Ma montagne estivale à moi, c'était des monts, des volcans : les Monts du Cantal et ils faisaient mon bonheur. Nos destinations étaient françaises aussi, dont, sortant du lot, la Guyane, chez ma famille guyanaise mais sans mes parents.

Pour ce qui est de l'étranger, je me suis toujours plu à dire que j'avais été au Brésil, en Espagne, en Suisse. J'ai fait prendre de l'importance à des frontières que j'ai traversées le temps d'un aller-retour d'une journée parce que nous étions vacanciers dans la France voisine de quelques kilomètres. J'ai tellement voulu distordre la réalité en jazzant sur les pays où j'ai été (m'assurant que j'étais moi aussi dans le club, qui me paraissait à l'époque assez large, des enfants et ados qui ont visité un ou plusieurs pays) que je me rappelle parfaitement de LA journée passée en Espagne à arpenter San Sebastian, celle en Suisse et celle à Oiapoque, ville brésilienne à la frontière, où j'ai mangé une exquise viande de bison et bu un excellent jus de maracuja, que je désespère de boire à nouveau un jour. Depuis, j'ai un peu dégonflé les pecs. J'admets sans aucune difficulté, et avec une dose de fierté même, que mes parents nous ont fait visiter la France de presque long en large, mais que nous n'avons jamais voyagé à l'étranger en famille. Ce qu'on pouvait faire de mieux, et ce qui nous a rendus heureux me semble-t-il.

Je ne m'étalerai pas plus mais c'était un À propos qu'il m'était important de faire, car il dresse très rapidement d'où je viens et me permets d'esquisser une réponse à la question initiale "Pourquoi ce blog". Car ce blog il est peut-être premièrement à destination de ces proches, anciens ou nouveaux, qui n'ont pas ou si peu voyagé à l'étranger, parce qu'ils ne l'ont pas pu, qu'ils ne l'ont peut-être jamais imaginé. Je ne connais pas par avance son contenu, mais s'il pouvait être un modeste lien entre ma vie ici et eux, alors j'en serais ravie. Pour eux, mais aussi pour d'autres proches qui, eux, ont déjà ou plus souvent voyagé hors de nos frontières. Le rapport du GIEC étant assez éloquent en la matière, il n'y a finalement qu'à travers ce blog qu'ils pourront découvrir ou re-découvrir Maurice étant donné que nous devons tou.te.s arrêter de prendre l'avion, car il fait chaud sur cette planète.

[et donc je ne reviendrai pas de Maurice et vous n'y viendrez pas. On mourra loin mais écolos, parce que je suis partie pile quand il aurait fallu arrêter. Lol]

Et puis ce blog pour dire, pour raconter, et livrer un peu d'ici même si je ne sais pas encore exactement quoi ni comment, si ce n'est en ennuyant, puisque c'est le propre de ceux qui racontent leurs voyages.​​